la numérisation du monde est un cygne noir

Publié le par Damien

D'après l'économiste-philosophe Nassim Nicholas Taleb, un cygne noir est un événement que personne n'avait prévu mais pour lequel abondent les explications a posteriori, ce qui rend la  surprise produite d'autant plus paradoxale.

Ce concept fait référence à l'étonnement qui a saisi les ornithologues qui au XVIIIème ont découvert en Australie qu'il existait des cygnes au plumage sombre. A priori, seule une conception limitée du monde peut nous conduire à penser que les cygnes noirs ne peuvent exister, mais il n'existe aucun obstacle rationnel à considérer que tous les cygnes ne sont pas forcément blancs. Nous nous concentrons toujours sur un savoir acquis pour prévoir le futur, et ce faisant nous nous rendons aveugles à des faits sur lesquels nous n'avons pas de savoir construit mais qui peuvent nous mettre sur la piste de révolutions à venir


Le cygne noir est un concept qui opère non seulement à l'échelle de nos vies individuelles mais également dans l'analyse des cycles économiques, et c'est en recourant à cette notion que cet ancien diplômé de Wharton analyse la crise financière actuelle.


Il existe une catégorie de cygnes noirs ("les cygnes gris") qui n'agissent pas pour nous comme des révélations. L'étonnement progresse à mesure que le phénomène se produit. C'est le cas de certaines fractures historiques. Nassim Nicholas Taleb illustre son propos en mentionnant comme exemple la révolution numérique.


C'est également le propos de Gérard Berry, dans sa leçon inaugurale au collège de France : chaque fois qu'une nouvelle innovation technologique est  aujourd'hui lancée sur le marché, elle suscite un étonnement qui devrait justement nous étonner. Or depuis qu'on a posé les bases du calcul numérique par des machines toutes les innovations qui en ont découlé étaient entièrement prévisibles (pour peu qu'on garde un oeil sur les évolutions sociologiques en cours).


Contrairement à la proposition de Taleb, Berry avance qu'un savoir de base (qu'il appelle la culture ou le bon sens numérique) peut nous aider à prévoir les évolutions en cours dans l'informatique et à ne pas nous laisser surprendre.

Seul ce bon sens; explique t-il, nous préserve de voir dans les multiples services web qui s'ouvrent tous les jours une profusion de phénomènes épars et sans lien les uns avec les autres. Le principe de base de ce cygne gris n'est pourtant pas plus compliqué que cela : texte, image, son, machine = 101001001



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