Le verrou

Publié le par Damien


chaîne humaine formée par des laïcs pour protéger les moines birmans défiant le Pouvoir. La photo a été placée en septembre 2007 sur le site Flickr par "gmhembree".

Nous sentons que nous vivons dans l'ordre des relations internationales une période de transition, car l'indignation qui nous soulève à l'écoute des récents événements en Biramanie n'a d'égale que l'impuissance des gouvernements occidentaux pour venir en aide aux Birmans victimes d'un pouvoir tyrannique.

L'affaire des caricatures danoises l'avait déjà montré : grâce à Internet, nous vivons sur une toute petite planète, et en même temps sur un mode accéléré (nous n'entendons plus parler du Darfour depuis que la contestation en Birmanie a atteint un point critique en début de semaine.)

L'opinion des pays occidentaux unanime pour condamner l'emploi de la violence se porte tour à tour vers tel ou tel pays à un ryhtme toujours accéléré. Cette opinion, menée par les journalistes qui la girouettent de plus en plus vite ne supporte plus les tractations diplomatiques qui demandent toujours du temps et de la continuité (cf.le verbe "Finassieren" employé par les Allemands lors du traité de Versailles). Celles-ci lui paraissent de plus en plus déplacées, et le pouvoir politique avide d'être lui aussi sous les projecteurs lui donne parfois raison. C'est ainsi qu'on a vu récemment  certain chef d'Etat mandater son épouse  pour aller monayer la vie d'infirmières d'Europe de l'Est auprès d'un tyrannau africain au mépris de l'action de son cabinet.

Or, dans l'affaire birmane, la vertueuse opinion mondiale, tout comme les gouverments internationaux, se heurte aujourd'hui à un verrou inoxydable : l'absence complète de scrupules du gouvernement chinois qui empêche de voter des sanctions efficaces au conseil de sécurité.

La Chine est un allié objectif de la junte birmane puisque celle-ci lui donne un accès à la mer ; elle partage également avec les militaires birmans de ce pays une propension à considérer que l'encadrement d'une population est avant tout une question d'éducation (analphabétisme entrenu et confucianisme politique considérant que la soumission est la première vertu d'un peuple) et de dépenses militaires et policières (80 % du budget du gouvernement aux dires de Achraf Sebbahi ( Chargée de mission pour l'ONG Info-Birmanie) entendue ce matin sur France-Culture.

Il n'a pas été sérieusement question dans l'actualité de la Birmanie depuis le rapport controversé de Bernard Kouchner sur l'esclavagisme pratiqué (ou pas pratiqué selon Kouchner) par Total dans la région.

On peut donc se demander pourquoi cette manifestation connaît le succès médiatique que l'on constate aujourd'hui. Non qu'elle soit moins légitime qu'une autre, au contraire...Mais elle a, par rapport au Soudan, l'avantage de mettre en première ligne des Bonzes qui apportent non seulement un supplément d'âme (faisant oublier un peu les ligues démocratiques qui, elles, poursuivent une action réellement politique) mais en plus le caractère très photogénique de leurs sarongs rouges. (qu'on pense aux Burkas afghanes : le principe est le même). Je ne voudrais pas paraître plus cynique que je le suis, d'autant que les derniers assassinats et les emprisonnements survenus à Rangoon m'ont soulevé le coeur, mais malheureusement, c'est avec cela qu'on fabrique une opinion en Europe et aux Etats-Unis ; et je pourrai encore montrer beaucoup de canaux qui vont porter de l'eau à ce moulin qui malheureusement, le prime-time aidant, n'en finit pas de tourner.

 

Publié dans politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article