débat sur le recrutement des enseignants dans les facs (2)

Publié le par Damien

A lire sur Liens socio, un article qui se veut une réponse à la lettre ouverte de Dunezat dont j'ai parlé dans mon précédent article sur le recrutement des enseignants à l'Université. Cette réponse signée par 4 maîtres de conférence dénonce la caricature à laquelle se serait livrée Dunezat du monde universitaire. Les faits dont parle le maître de conférence démissionnaire de Lille 1 ne devraient pas être généralisés à l'ensemble de la profession et ne seraient le fait que d'une minorité. Les personnels administratifs et documentaires sont néanmoins témoins de ces luttes de pouvoir à l'intérieur des départements et doivent faire avec. 
Sur le recrutement systématique du candidat local, voici la contre-argumentation développée par ce collectif de MDC : 

"S’agissant tout d’abord du mode de recrutement des enseignants du supérieur, qui ne serait qu’un simple mode de cooptation entre "collègues", quelques rectificatifs s’imposent. Primo, un simple recensement des parcours des enseignants titulaires permet de réfuter l’accusation généralisante du localisme dont souffrirait leur recrutement. Secundo, l’audition d’un candidat par une commission de spécialistes chargée de ce recrutement n’est pas pire que celles qui ont cours dans le privé et d’autres secteurs d’emplois publics. Point d’études morphopsychologiques, de test de personnalité et de QI (...), mais une sélection qui a au moins le mérite de travailler sur des critères scientifiques (publications, enseignements...). Ces commissions sont plurielles, le lieu de débats, de confrontations parfois vives sur les choix de recrutement, avec des comptes-rendus, ce qui est peu compatible avec les stéréotypes véhiculés d’un lieu qui serait toujours uniforme et fait d’arrangements souterrains et silencieux. Le fonctionnement de ces commissions est loin d’être parfait et mérite d’être repensé pour encore plus de transparence et avec des moyens pour un travail de qualité (pas moins d’une centaine de candidats pour un poste !). Au contraire, de multiples voix s’inquiètent : les orientations en cours visant à supprimer ces commissions pourraient aggraver les risques de clientélisme. Il s’agit d’un recrutement fait par les présidents d’universités et des conseils d’administrations locaux et moins représentatifs qu’auparavant, en dehors de la rigueur de pensée de chaque discipline scientifique. Le risque est celui d’une porte ouverte au monolithisme théorique et à la limitation de la recherche à ce qui est rentable à court terme pour les actionnaires privés des organismes appelés à être les futurs financeurs de la recherche."

La charge de ces enseignants, visant à faire de Dunezat ou bien du journal Le Monde qui sert de porte-voix à celui-ci, le chevau-léger de la Loi sur les Responsabilités des Universités est injuste (cf. les dernières lignes du texte ci-dessus).
Mais j'ai parlé récemment à un chercheur en sciences de l'information qui considère que les futures commissions de recrutement, émanation directe du nouveau conseil d'adminstration, pourrait garantir effectivement plus de transparence que les commissions actuelles. Je demande à voir...

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Publié dans université

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G
Olivier Ertscheid a rédigé une lettre de démission à l'adresse de tous les enseignants chercheurs qui siègent en CNU (commissions de spécialistes par lesquelles sont examinées les candidatures des enseignants chercheurs). Cette lettre est consultable sur le site Sauvons la recherche à l'adresse suivante :http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1790Les commissions de spécialistes au niveau local doivent être dissoutes avec l'application de la loi LRU en juin 2007.Le recrutement se fera dorénavant par "un comité de sélection créé par délibération du CA siégeant en formation restreinte aux représentants élus des enseignants-chercheurs, des chercheurs et des personnels assimilés".Ce comité de sélection pratiquement fait fi des spécialités : un prof de lettres pourra avoir un poids déterminant dans la nomination d'un maître de conférence en arts-plastiques, parce que Lettres et Arts Plastiques appartiendront localement au même UFR.Au lieu d'endiguer le localisme dénoncé par la presse et les enseignants eux-mêmes (cf. lettre ouverte de Dunezat) en obligeant, -pourquoi pas ?- comme au Québec, les docteurs à chercher un poste dans une autre université que celle où ils ont soutenu leur thèse, le ministère décrète qu'un comité de sélection sera moins arbitraire que les commissions de spécialistes. Au nom de quoi ? 
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