des fondations en bibliothèques (2)

Financements privés : des fondations solides pour les établissements publics ?
L'exemple de l'Université Mc Gill à Montréal
A cette fin, j'ai déposé un message sur le blogue (sic : québécois) de Jean-Michel Salaün que j'ai eu comme prof à l'ENSSIB et qui dirige aujourd'hui l'EBSI (Ecole des bibliothèques et des Sciences de l'Information) à l'Université de Montréal afin d'avoir quelques informations. J'avais lu sur son bloc-note que JMS avait du lever des fonds en 2006 pour financer son établissement. Cette obligation recoupait en partie la question des fondations.
Par ailleurs, en tant que stagiaire à la Bibliothèque de Brossard (en banlieue de Montréal), du temps où je fréquentais les locaux de l'EBSI, j'avais découvert le système très intrigant pour un français des Sociétés d'Amis des bibliothèques municipales.
Voici les conditions que doivent remplir les abonnés qui souhaitent intégrer la fondation des Amis de la Bibliothèque de Brossard.
La question que j'ai posée à JMS était la suivante : "Depuis hier, je ne peux plus accéder à ma bibliothèque à cause d'un blocage organisé par les étudiants de Rennes 2 (fac de Lettres et Sciences Humaines) qui militent contre la Loi de Responsabilité des Universités votée en août dernier. Cette loi comporte notamment un article autorisant les universités qui le souhaitent à se doter de fondations (article 28). Je ne connais pas encore les décrets d'application auxquels font référence cet article, mais j'essaie d'imaginer ce que pourrait être une fondation des "Amis de la Bibliothèque de Rennes 2" gérée par des alumni ou des mécènes de tous ordres. Outre que le mécénat dans le domaine de la recherche est assez peu développé en France par rapport à d'autres pays comme le Canada, la chose heurte effectivement les consciences professionnelles françaises. Elle n'est toutefois plus inimaginable sur notre territoire. Existe t-il un recensement des fondations au sein des bibliothèques universitaires canadiennes ? Existe t-il un bilan de leur activité ? Et (notamment) dans quelle mesure ces fondations prennent part à la politique documentaire de ces établissements ?"
JMS m'a répondu le 23 novembre (voir sur son blogue) en me citant un extrait du n° 688 de Livres Hebdo (paru le 4 mai 2007) qui prenait comme exemple la bibliothèque de l'université de MacGill.
voici un extrait de l'extrait :
Les dons se montent à environ 7 millions de dollars canadiens (4,6 millions d’euros) pour la bibliothèque de McGill, contre 350000 dollars côté université de MontréaL Ils représentent 22 % du budget de fonctionnement des bibliothèques et permettent en outre l’achat de livres ou de matériel informatique. Le poste de la directrice lui-même est financé par un legs d’une ancienne bibliothécaire, complété par la famille afin de fonder la première chaire dotée du Canada à l’intention d’une bibliothèque universitaire. Une partie des fonds récoltés est placée: entre 22 et 23 millions de dollars (14 à 15 millions d’euros) pour les bibliothèques de l’université McGill, autour d’un million (650000 euros) pour celles de l’université de Montréal. (..)
L’université McGill collecte des fonds auprès d’un réseau mondial de 174000 anciens diplômés, mais aussi auprès des parents des diplômés et également auprès des étudiants. « Tous les étudiants ont accepté de verser 5 à 6 dollars en plus de leurs frais d’inscription, affirme Janine Schmidt, directrice des bibliothèques. Ils sont très impliqués et décident de l’affectation de cet argent. Nous avons de la chance, car ces trois dernières années, ils ont favorisé les bibliothèques.»
Précision de Jean-Michel Salaün : "l'argent des étudiants a notamment été affecté à l'ouverture de nuit de la bibliothèque pendant les périodes d'examen. Comme des étudiants sont recrutés pour cette tâche, c'est du win-win, comme on dit à McGill".
Quand mes promenades nocturnes au cours de l'automne 2004 m'ont amené à fréquenter cette bibliothèque je ne savais pas que celle-ci était ouverte la nuit grâce à des dons privés auxquels participaient les étudiants (5 à 6 dollars canadiens en plus de leurs droits d'inscription). J'ignorais aussi bien évidemment que le poste de la directrice était entièrement financé par un
legs.
Ce qui précède ne donne en revanche aucune indication sur le rôle de ses fondations dans la Politique Documentaire. Les crédits alloués concernent plutôt l'équipement et le personnel (ce qui est déjà considérable).
Il ne faut pas méconnaître ce qui se pratique en Amérique du Nord, mais on doit aussi constater à la lecture d'un tel article à quel point de part et d'autre de l'Atlantique nous divergeons sur les modes de financement des services publics, et cela pour des raisons culturelles très profondes, raisons que Frédéric Martel essaie de démêler dans son dernier livre, De la Culture en Amérique.
Il me paraît vain pour l'instant de promouvoir au détour d'une loi la création de fondations ou bien de faire reposer la majeure partie de l'effort en faveur de la recherche sur la participation des entreprises, alors que la tradition de mécénat est quasiment absente au niveau de l'enseignement supérieur. Cet aspect des choses reste néanmoins à creuser : thought in progress...