tant qu'il y a de la marche, il y a de l'espoir

Publié le par Damien

 

Quelques soient les peines qui nous assaillent, les embûches que nous rencontrons, les carences dont nous souffrons, il n'y a rien qui ne puisse être tempéré par la marche ; tant qu'il y a de la marche, il y a de l'espoir. La pensée assise caille vite et devient amère en peu de temps. Mettons nous donc en marche vers les hypothétiques pays où coulent le miel et le lait.

Aznavour et Ventura dans le désert dans "Un taxi pour Tobrouk" disent  "Deux cons qui marchent vont plus loin qu'un intellectuel assis".

Bruce Chadwin dans le bush australien : Tout se résout en marchant,  "solvitur ambulando"

La marche est l'allure naturelle de l'homme, elle va au rythme de sa pensée. A contrario, les brûleurs de kilomètres, au volant de leur bagnole, déconnectent le rythme de leur esprit de celui de leur course sur le goudron. C'est le divertissement des gens stressés de Montréal qui prennent la transcanadienne puis font demi-tour. Surtout ne penser à rien : leitmotiv du voyage automobile vers nowhere.

En marchant, l'homo est deux fois sapiens : une première fois parce qu'il a inventé l'automobile, une deuxième fois parce qu'il sait s'en passer.

La marche est difficile : racines qui affleurent, rocaille, chutes possibles, ampoules, tendinites, intempéries, chaleur étouffante, froid glacial, etc. Cela demande une certaine austérité ; toutefois, "marcher ce n'est pas entrer dans les ordres, c'est faire entrer l'ordre en soi" (Sylvain Tesson)

J'ai rencontré Raphaël dans un village trente kilomètres à l'Est de Leon. Raphaël est catalan et travaille dans une agence de styliste à Barcelone. Assis sur un banc, il passait de la pommade sur ses pieds douloureux car cela faisait plusieurs jours qu'il était sur le trimard. Remontant les bas de son pantalon jusqu'aux genoux, il me montre ses deux mollets presqu'inexistants. Raphaël marche sur des baguettes après avoir subi dans son enfance six opérations qui ont entravé le développement de ses muscles. Il marche chaque année une semaine sur le chemin de Saint Jacques. De plus grandes étapes mettraient à mal ses pieds qui, en l'absence de muscles sous le genou, doivent supporter tout le poids de son corps. L'été prochain, il partira de Léon et parviendra sans doute en Galice (Buen camino, companero !). Raphaël m'a fait écouter la musique de son pays sur son baladeur. L'une de ses chansons préférées comportait ce vers :

Caminante, no hay camino ; el camino se hace andando

Marchons donc, il sera toujours temps après de croire qu'on a suivi un chemin.

 

Publié dans voyages

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