langues régionales

Publié le par Damien

Demain se tient à Lorient une marche en faveur de la reconnaissance de l'usage de la langue bretonne.

Pierre Encrevé et Michel Breaudeau auteurs de Conversations sur la langue française qui vient de paraître étaient les invités de Sylvie Bourmeau, producteur de la Suite dans les Idées, une émission que France-Culture radio-diffusait mardi dernier entre 19h30 et 20h30 depuis le Salon du livre de Paris.

Pierre Encrevé a rappelé que les premières attaques des représentants de l'Etat contre les langues nationales remontaient à la convention de 1793. C'est à cette époque que l'Abbé Grégoire qui s'effarait qu'on ne parlât le parisien que dans quinze départements de France et une myriade de "patois" partout ailleurs écrivait qu'il fallait prendre des sanctions contre les officiers de la République s'étant rendus coupables d'écrire dans une autre langue que le français (la peine qu'il fit inscrire dans la loi se montait à six mois enfermement) :

   "Ainsi, prochamait-il à l'Assemblée, disparaîtront insensiblement les jargons locaux, les patois de six millions de Français qui ne parlent pas la langue nationale car, je ne puis trop le répéter, il est plus important qu'on ne pense en politique d'extirper cette diversité d'idiomes grossiers qui prolongent l'enfance de la raison et la vieillesse des préjugés."

Le Père Grégoire insistait sur le fait que l'on fît sacrifice de sa langue régionale en signe d'adhésion à l'esprit nouveau et à la nation souveraine.

Pourtant, d'après Encrevé et Breaudeau, les premiers Constituants avaient au contraire affirmé haut et clair que la voix du peuple devait être entendue dans toutes les langues que le Peuple parlait et que le basque, le breton, le provençal, le corse, le picard ou l'alsacien avaient autant de prix que le français quand il s'agissait d'exprimer un point de vue général sur la France. La déconsidération et l'interdiction des langues et dialectes régionaux, de même que la fausse assimilation entre la langue et la nation qui perdure jusqu'à aujourd'hui et provoque une crampe au stylo de nos gouvernants chaque fois qu'on leur donne à signer la charte européennes des langues minoritaires, tout cela remonte donc à l'épisode de la Terreur (1793-1794).

En Suisse, par exemple, on n'a jamais considéré que la coexistence de trois langues sur un même territoire portait dommage à la cohésion nationale.

 Il serait temps, je pense, que nos gouvernants républicains qu'effarouchent un mot de breton écrit sur une pancarte prennent note de ceci et comprennent qu'une langue n'est pas meilleure qu'une autre quand elle exprime la volonté du peuple souverain.  

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Publié dans Bretagne

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