les marins, les vivants et les morts

Publié le par Damien

Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les marins et les morts (Héraclite)


J'ai souhaité  bonne chance aux marins bretons dans un article publié dimanche midi  ; quelques heures  plus tard, le chalutier de  vingt quatre mètres, la P'tite Julie immatriculé à Saint-Brieuc et basé à Erquy coulait au large de l'île Vierge (Finistère) pour des raisons qui demeurent encore inexpliquées avec à son bord 7 personnes. Une seule d'entre elle, un marin de nationalité portugaise, a été repêché dans des eaux à 10° avec des creux de 5 à 6 mètres en état d'hypothermie. M. Marquès est en ce moment hospitalisé à Brest. Deux corps ont été repêchés, restent quatre personnes disparues qu'il y a peu de chance de retrouver vivantes.

J'avais rappelé dans mon dernier article qu'un rapport du parlement sur la pêche en Europe établissait que les marins étaient de tous les professionnels les plus exposés aux accidents du travail ; on apprend dans l'article du monde d'aujourd'hui signé par Laëtitia Clavreul et Vincent Durupt qu'"un marin pour 1 000 meurt chaque année dans l'exercice de ses fonctions". Un prix très lourd en comparaison des bénéfices réalisés comme en témoignent les difficultés des pêcheurs à renouveler leur instrument de travail (cf. rapport de l'IFREMER 2006 sur la pêche cité par Novopress.info)
D'après ce rapport, les sinistres subis par les navires de pêche a comme première cause la panne des machines qui met le navire en péril (33%). Mais la mort d'un marin est un fait plus fréquent encore qu'un "sinistre". Dans 40% des cas, la tragédie est due à une erreur humaine, et dans cette configuration, l'erreur résulte le plus souvent d'un manque de sommeil. Les marins à cause du bruit du navire, du stress, et de l'intensité des campagnes de pêche dorment peu et mal.

Je pense aussi à ce marin qui s'est tué le 26 octobre en tombant de son chalutier, le Boréal, près de Saint Quay au large de la Madeux (cf. Ouest-France, 26 octobre). Un camarade de Voile Loisir présent sur le bateau m'a relaté les circonstances de cette mort. Comme dans le cas des marins de la Ptite Julie, la victime ne portait pas de gilet de sauvetage. C'est aussi le cas de la plupart des travailleurs de la mer (et d'ailleurs aussi de la plupart des plaisanciers). Sa tête ayant apparemment heurté une pièce de l'armement dans sa chute, inconscient et dépourvu de gilet, ce marin n'avait guère de chance de s'en sortir.

Michel Barnier, ministre de la pêche a reçu aujourd'hui à Erquy les familles de deux des marins disparus.

"Eur maleur braz 'zo erruet
Eur vagad tud a zo beuzet
Digor frank porched ar vered
'vid anteri ar re veuzet"

(Denez Prigent, Ar gouriz Koar)

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Publié dans Bretagne

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J
Il n'est pas si loon le temps d'OCEANO NOX ... et sans doute, même si ce ne sont pas dans els mêmes proportions, de nombreuses femmes de marins ou de Bretons peuvent-ils relire ces versQue Dieu aie leur âme en son paradis
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