Je ne te compterai que les heures des beaux jours

Publié le par Damien

Quand je pouvais me promener entre Lyon et Grenoble, j'aimais aller visiter Pérouges et son sympathique cadran solaire dont j'ai déformé le phylactère pour écrire le titre de cet article.

Dans ce monde sub-lunaire soumis à la fluidité du temps, nous n'avons pas de chronomètre capable de mesurer les temps du bonheur.

En revanche, de nombreux récits nous ont transmis afin de nous inciter à "chercher l'or du temps", comme disait Breton. ah, pouvoir limiter la vie à ses moments heureux ! Un conte soufi que l'on racontait à la Renaissance dans une ville aujourd'hui ravagée par la guerre relate la rencontre d'un vieillard et d'un jeune homme sur le thème du Carpe Diem. Le second demande au premier :

-Combien d'années as-tu vécues, grand-père ?

Le vieil homme répond :

-Une minute, mon fils.

Le jeune homme interloqué se demande si ce patriarche se moque de lui :

-Par Dieu, non, répond le vieillard, mais une minute c'est le temps qu'a duré le premier baiser que j'ai échangé avec une belle ; Et toute ma vie se réduit à cette minute.

Dans la Chronique des treize lunes, entre une méditation sur les abattoirs et une scène d'amour entre transsexuels, Fassbinder a glissé un apologue de ce genre : un homme chemine à travers un cimetierre. Sur les tombes, il ne lit que des dates correspondant à des décès infantiles : Hans Diechter (1978-1979) Hugues Bauman ( mai 1956-juin1956), etc. Mais il apprend peu après que ces dates correspondaient aux moments de bonheur cumulé des défunts dont certains ont vécu centenaires.

Je vous souhaite de voir arriver bientôt l'heure de vos beaux jours.

 

Publicité

Publié dans littérature

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article