fin du voyage : de Saint Vaast à Oolgensplaat

Publié le par Damien

Nous avons marqué les étapes suivantes jusqu'à notre arrivée à Oogentsplaat :
(malheureusement j'ai laissé mes notes sur les courants et les amers dans la table à carte du Sherrycan, je vais donc être rapide dans cette énumération)

14 août : nous quittons Saint Vaast avec une belle mer, un vent de force 3 à 4 ;  Des grains nous passent dessus mais sans que le vent forcisse ; ces nuages-là ne savent donner que de la pluie.
Je repense à l'avis de grand frais, d'il y a quelque jours : voici un temps que j'ai eu l'occasion déjà d'affronter, mais sur un bateau plus long de 8 pieds ; la différence est considérable, on la sent très bien quand on est à la barre.
En milieu d'après-midi, le vent faiblit, puis tombe complètement. Nous mettons au moteur. En chemin pour Fécamp, nous pêchons sept maquereaux à une vitesse de 6,5 noeuds ; je ne pensais pas que ces poissons pouvaient aller à une telle vitesse. Nous arrivons à Fécamp à la tombée du jour.

15 août : pas un souffle de vent ; nous faisons Fécamp-Dieppe au moteur (40 milles). Partie la plus monotone de notre voyage. Splendeur des falaises de calcaire que certains voiliers essaient de longer au plus près, à la fois pour les contempler et sans doute aussi pour profiter de l'effet rotor que le peu de vent doit susciter là en se heurtant à la paroi.

16 août : le vent est de retour ! Nous partons de Dieppe avec les courants contraires, cap 20° vers Boulogne.
Nous marchons bien jusqu'à 16h00. Le vent tombe progressivement et nous devons faire les derniers milles au moteur. Le port de Boulogne est le plus laid de tous ceux par lesquels nous sommes passés ; une forte odeur de pétrole a imprégné les pontons malingres sur lesquels nous devons amarrer le bateau. Nous passons la soirée dans la vieille ville qui elle ne manque pas de charme.

17 août : Depuis hier, les falaises ont disparu, laissant place à des dunes. Le vent est bien présent, régulier dans sa force comme dans sa direction. Pour éviter les bancs de sable à proximité de Dunkerque (bancs de sable peu dangereux pour des voiliers avec notre tirant d'eau, mais nous préférons faire les choses selon les règles) nous devons empanner à plusieurs reprises. Nous subissons quelques empannages intempestifs ; jamais le frein de bôme ne nous aura autant servi. Après Malo-Bray Dunes, la côte (belge désormais) est entièrement couverte d'habitations (immeubles résidentiels). Nous arrivons à Nieuwport à 18h00. Désormais, Jean-Paul est mon interprête pour tout, car je ne connais pas un mot de flammand ; je n'ai pas eu le temps de m'assurer que les belges d'ici répondent à contrecoeur en français, comme je l'entends dire souvent en France, car dès le lendemain, nous appareillons pour la Hollande.
Les ports de Belgique et de Hollande fonctionnent sur un mode différent de celui auquel nous sommes habitués en France. Lorsqu'il quitte son emplacement pour plus d'une journée, un voilier libère une place pour un visiteur potentiel. Jean-Paul a donc du prévenir le port la veille de son arrivée pour être sûr de retrouver sa place au ponton. Par conséquent, comme il n'y a pas de places visiteurs, il faut d'abord accoster le ponton du "Havenmester" pour payer d'avance et se voir attribuer l'emplacement d'un voilier parti en croisière. Ce fonctionnement vaut bien le nôtre dans la journée, mais dans la nuit, on n'a pas le choix que de se mettre là où il y a de la place.

18 août : Nous quittons Nieuwport avec un vent de vingt noeuds et un ris dans la voile. Au niveau du chenal d'Ostende, nous voyons plusieurs bateaux qui se croisent et entre lesquels nous n'avons pas trop de mal à nous faufiler. Une brume mêlée de pluie m'emp^che de distinguer des bouées de dangers isolés qui pourtant, d'après le routeur, sont très proches : petits stress auxquels on finit par s'habituer.
Le ciel se dégage un peu et nous finissons par découvrir au Nord-Est le phare-clocher de Westkappelle sur la presqu'île de Walcheren. Nous contournons cette presqu'île pour nous diriger vers ce qui semble de loin être une gigantesque écluse semée d'éolienne : le Rompott.
à 17h00, nous quittons le Rompott et naviguons par vent arrière, les voiles en papillon, vers les parages de Zierikzee. Le chenal destiné à nous faire éviter les bancs de sable, nous amène par une longue volte en vue d'une grande tour médiévale : notre but pour cette journée, le clocher de Zierikzee. une heure plus tard, le vent tombe complètement et nous faisons les deux derniers milles au moteur. La petite ville de Zierikzee dispose de deux moulins, l'un à son extrémité nord, l'autre au sud. Je parcours dans la soirée le bourg de l'un à l'autre, surpris par le fait qu'ici les gens mettent tant de soin à décorer leurs salons et surtout l'offrent "généreusement" à la vue de tous les passants. Enfin, à Amsterdam, plus tard, je verrai bien d'autres vitrines qui conjugueront au pêché de l'orgueil celui de la luxure, pour parler comme les prédicateurs protestants qui au XVIIème siècle étaient si austères dans ces régions.

19 août : vent de force 5 à 6. Nous partons au moteur sur une mer agitée en direction du gigantesque pont de Zélande près duquel Zierikzee se trouve. Le pont est fermé à la circulation 10 minutes toutes les heures pour laisser passer les voiliers à fort tirant d'air. La mer est haute et les vagues sont formées, c'est pourquoi nous ne sommes pas très enthousiastes à l'idée de passer sous l'une des arches, mais nous devons pourtant nous y résoudre car le poste de commande du pont-levis ne répond pas à nos appels sur la VHF.
Juste avant de passer, je crains de voir la girouette gratter le tablier, en réalité, il doit y avoir un écart d'un mètre à un mètre et demie entre eux. Le voilier qui nous succède lui ne peut se le permettre et continue d'attendre que les employés du pont (peut-être partis prendre un café) lui répondent.
Après avoir passé le pont, nous hissons une grand-voile arrisée deux fois, ce qui ne nous empêchera pas de partir de temps en temps au lof. La barre est assez dure et nous devons aussi réduire la voile d'avant.
le vent faiblit quand nous nous approchons de l'écluse de Phillipsdam, fleuron du plan delta qui a été lancé en 1954 pour éviter aux Pays-bas d'être à nouveau submergés.
Au milieu de l'écluse, des canards, entrés en même temps que nous, boivent l'eau à côté de notre bateau ; dorénavant nous naviguons sur des lacs et des rivières ; c'est ici que se termine la mer.
Nous suivons deux chenaux et nous arrivons à Oogensplaat, petit port perdu au milieu de la verdure. dont l'air est chargé d'une odeur de sucre candy (une usine de speculos se trouve non loin d'ici) et l'eau maculée de tâches vertes fluo (la pollution agricole y sévit également).
Notre voyage en bateau est terminé. Pour moi, un autre voyage commence : Rotterdam - Amsterdam - Cologne - Mayence -Strasbourg -Beauvais. Je n'ai prévu de rentrer en Bretagne que le 29 août.





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Publié dans Voile et navigation

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