la cape morale
Il faut continuer, dit Moitessier (on voit ci-dessus des images du Joshua filmé depuis le balcon avant), il faut aller toujours plus loin. Parfois, il faut simplement durer, et on ne peut pas demander autre chose à un équipage quand le vent forcit au delà de 8 beaufort, et que les trois ris pris dans la Grand Voile ne suffisent plus à calmer la gîte, quand les déferlantes menacent de chavirer le bateau ou de le faire sancir.
Dans le documentaire de Pierre Marcel, sorti le 11 juin dernier, on entend la voix-off de Tabarly qui conseille de garder assez de toile afin que le bateau ne soit pas stoppé net après le passage d'une première vague. Dans ce cas, un bateau bien toilé est un facteur de sécurité.
En effet, les pertes de vitesse subites d'un voilier qu'elles soient dues à un choc contre un objet flottant ou bien à une vague sont souvent redoutables. Sous spi et par temps modéré, le bateau risque de partir à l'abattée. Par temps plus fort, s'il est porté par une vague contre une seconde houle orientée différemment de la première, il peut partir au surf et faire cul-par-dessus-tête.
Dans ces conditions, le barreur doit protéger son bateau des éléments en adoptant une allure qui le stabilise par rapport au sens de la houle et par rapport au vent.
Premièrement, il faut qu'il prenne la houle secondaire toujours de biais et jamais de face, quitte à infléchir son cap.
Deuxièmement, si le vent est l'élément le plus préoccupant mais qu'il n'oblige pas à se mettre à sec de toile, le skipper peut zvoir recours à la cape courante afin d'équilibrer le navire.
La cape courante consiste (lorsqu'on fait du près) à border le foc à contre et à amarrer la barre sous le vent. Il s'agit d'une position de passivité modérée par le fait que le bateau est désormais mieux équilibré ; il ne reste plus à l'équipage qu'à attendre que le mauvais temps s'en aille sévir ailleurs. La cape est une position d'attente.
Cette allure a son versant moral.
Lors de la transat de 1976 qui l'opposait -entre autres, au 4 mâts fantastique d'Alain Colas, Tabarly a vu son pilote automatique mis hors d'usage par un coup de vent cinq jours après être parti. Dans la nuit qui a suivi l'avarie, le marin épuisé par cinq jours consécutifs de gros temps et démoralisé par la perspective d'avoir désormais à barrer des heures durant pour ne pas dériver, décide de retourner à Plymouth. Au petit jour, après avoir dormi plusieurs heures d'affilée, c'est un Tabarly regénéré qui remonte sur le pont et s'avise que tout compte fait la course continue.
Pendant le reste du voyage, Tabarly s'en voudra d'avoir cédé pendant un instant au découragement et d'avoir perdu un temps précieux en rebroussant chemin pendant une nuit entière (ce qui ne l'empêchera pas de gagner cette course en arrivant 7 heures avant Alain Colas)
Pour le reste de sa vie, il gardera au coeur cette leçon qu'il rappelle dans un film que Pierre Marcel a intégré à son documentaire : quand on est fatigué et que la tempête siffle dans les haubans, ne pas prendre de décision ; sécuriser le navire, aller dormir, se mettre à la cape. Il en va ainsi dans toutes les épreuves de la vie. La fatigue et la peur sont mauvaises conseillères.
Dans le documentaire de Pierre Marcel, sorti le 11 juin dernier, on entend la voix-off de Tabarly qui conseille de garder assez de toile afin que le bateau ne soit pas stoppé net après le passage d'une première vague. Dans ce cas, un bateau bien toilé est un facteur de sécurité.
En effet, les pertes de vitesse subites d'un voilier qu'elles soient dues à un choc contre un objet flottant ou bien à une vague sont souvent redoutables. Sous spi et par temps modéré, le bateau risque de partir à l'abattée. Par temps plus fort, s'il est porté par une vague contre une seconde houle orientée différemment de la première, il peut partir au surf et faire cul-par-dessus-tête.
Dans ces conditions, le barreur doit protéger son bateau des éléments en adoptant une allure qui le stabilise par rapport au sens de la houle et par rapport au vent.
Premièrement, il faut qu'il prenne la houle secondaire toujours de biais et jamais de face, quitte à infléchir son cap.
Deuxièmement, si le vent est l'élément le plus préoccupant mais qu'il n'oblige pas à se mettre à sec de toile, le skipper peut zvoir recours à la cape courante afin d'équilibrer le navire.
La cape courante consiste (lorsqu'on fait du près) à border le foc à contre et à amarrer la barre sous le vent. Il s'agit d'une position de passivité modérée par le fait que le bateau est désormais mieux équilibré ; il ne reste plus à l'équipage qu'à attendre que le mauvais temps s'en aille sévir ailleurs. La cape est une position d'attente.
Cette allure a son versant moral.
Lors de la transat de 1976 qui l'opposait -entre autres, au 4 mâts fantastique d'Alain Colas, Tabarly a vu son pilote automatique mis hors d'usage par un coup de vent cinq jours après être parti. Dans la nuit qui a suivi l'avarie, le marin épuisé par cinq jours consécutifs de gros temps et démoralisé par la perspective d'avoir désormais à barrer des heures durant pour ne pas dériver, décide de retourner à Plymouth. Au petit jour, après avoir dormi plusieurs heures d'affilée, c'est un Tabarly regénéré qui remonte sur le pont et s'avise que tout compte fait la course continue.
Pendant le reste du voyage, Tabarly s'en voudra d'avoir cédé pendant un instant au découragement et d'avoir perdu un temps précieux en rebroussant chemin pendant une nuit entière (ce qui ne l'empêchera pas de gagner cette course en arrivant 7 heures avant Alain Colas)
Pour le reste de sa vie, il gardera au coeur cette leçon qu'il rappelle dans un film que Pierre Marcel a intégré à son documentaire : quand on est fatigué et que la tempête siffle dans les haubans, ne pas prendre de décision ; sécuriser le navire, aller dormir, se mettre à la cape. Il en va ainsi dans toutes les épreuves de la vie. La fatigue et la peur sont mauvaises conseillères.
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