curriculum vitae
Sur l'avatar : couverture de l'édition américaine de Lord of the barnyard (Le seigneur des Porcheries) de Tristan Egolf paru en 1998. Le jeune orphelin Kaltenbrunner retranché avec sa winchester dans la grange familiale essaie de préserver son indépendance et sa ferme contre la police qui veut le renvoyer à l'école obligatoire, les Méthodistes, qui par des manoeuvres sournoises s'en prennent à son patrimoine, et la plèbe du bourg de Baker contre le fanatisme et la bêtise de laquelle il n'aura de cesse de lutter jusqu'à sa mort. Le Seigneur des Porcheries accuse l'obscurantisme et le racisme de l'Amérique profonde, en même temps qu'il raconte l'acharnement d'un homme à lutter pour sa dignité et celle de ses frères dans la misère.

Tous les CV se ressemblent. Peu importe le mien.
"Quelque soit la longeur de la vie,
Le CV se doit d'être court.
On est prié d'être succinct et de trier les faits,
Transformer les paysages en adresses,
Et les vagues souvenirs en dates fixes.
De toutes les amours suffit le conjugal,
Parmi les enfants, rien que les vraies naissances.
Qui te connaît, pas qui tu connais.
Les voyages si à l'étranger.
Appartenance à quoi sans pourquoi.
Distinctions sans à quel titre.
Ecris comme si tu ne t'étais jamais parlé,
Comme si tu te tenais à distance.
Passe sous silence chiens, chats, oiseaux,
Souvenirs de pacotille, amis et rêves.
Prix plutôt que valeur
Titre plutôt que teneur.
Pointure de chaussure plutôt qu'où il va
celui pour lequel tu passes.
Joindre une photo avec une oreille bien visible.
C'est sa forme qui compte, pas ce qu'elle entend ?
Le ronflement des machines à broyer du papier"
Wislawa Szymborska, De la mort sans exagérer