Dire et Communiquer

La communication est désormais le véhicule de l'information et uniquement cela. Souvent l'habillage remplace le corps du discours, et face à une communication de tel ou tel artiste, centre d'affaire, ou homme politique on assiste à une performance dont le dit s'évapore au fur et à mesure que le dire s'effectue. "Qu'a t-il dit en fin de compte, lors de ses voeux présidentiels ?" Rien.
"Coquilles vides", comme disait jadis Héraclite.

La communication politique entend maîtriser tous les canaux de sa diffusion. Grâce à la télévision d'abord, puis aux conseillers en communication, elle n'est plus seulement un dire, mais aussi une gestuelle, un code complexe qui comprend jusqu'au choix de la cravate. Bref, c'est toute une aura qui veut nous être communiquée. Plus l'aura est aveuglante et moins nous serons en mesure d'analyser le message.

Dire quelque chose, c'est rechercher l'assentiment de ceux qui écoutent votre parole sur ce qu'est telle ou telle chose.
Communiquer, c'est, dans l'acception moderne, amplifier la fonction phatique du langage, à telle point que les autres fonctions en soient subjuguées. C'est nouer un contact mu par la seule nécessité de remplir l'espace verbal.
"On préfère souvent dire du mal de soi que de n'en point parler" (La Rochefoucauld). La critique des hommes politiques bénéficie à ces mêmes hommes politiques.

Chaque média communique de façon différente. Un média, c'est l'invention d'un message singulier. Le web 2.0 permet dorénavant de publier des message dans lesquels le rédacteur peut sans transition faire des déclarations d'amour et nous exposer sa liste de courses. Mais ce dont parlent les blogs, c'est d'abord et avant tout de la technologie qui les rend possibles et des usages sociaux qu'ils permettent. Extase de l'enfant qui découvre de nouveaux jouets au pied du sapin. C'est le mot sans cesse répété de MacLuhan : Medium is message.

Communiquer signifiait à l'origine s'accorder sur l'essence d'une chose. Cette tâche ainsi que la parole sont le propre de l'humain. "Nous qui sommes dialogue" disait Hölderlin. L'homme est essentiellement cette ouverture (rendue possible par la parole) vers l'autre comme un autre témoin et greffier de ce qui est.
Aujourd'hui l'homme communiquant fait valoir le signifiant pour signification. Blogger va de soi, puisqu'on peut le faire. Parler, oui, mais pour quoi dire ?