Aujourd'hui est un cadeau, c'est pourquoi on l'appelle "présent"

Publié le par Damien

 

 

Le présent nous échappe sans cesse alors que, contraints à la fois par l?amnésie de notre civilisation et notre peur de l?avenir, nous ne le quittons quasiment plus ; curieusement, c?est au moment où l?on forge la notion de « présentisme » que nous sommes le moins aptes à vivre l?instant et à en explorer toute la densité. Cela fait plusieurs semaines que des jonquilles ont fleuri dans mon jardin et je n?ai pas encore eu le temps d?en fleurir un vase.

Seule une chanson ?Today is a gift, that's why we call it present? est venue, ce matin, me rappeler l??instant offert?, cadeau que j?ai négligé de déballer.

 

 

 

 

 

Qu?est-ce qu?on appelle le Présentisme ?

Un boeing vient de percuter l?une des tours du World Trade Center.

Le deuxième impact, sous l??il de la caméra à qui l?on a donné le temps de se mettre en route est déjà la commémoration du premier.

Voici comment s?accélère le passage de l?actualité à l?Histoire :

Le présent se rue littéralement dans l?Histoire. Comme si, après six ans d?analyse, on pouvait déjà comprendre tout le poids historique qu?a représenté un tel événement.

On parle aussi abondamment de Mémoire : faculté de commémoration paradoxale. La mémoire met du passé dans le présent, un présent qui absorbe toutes les époques antérieures.

Nous commémorons avec d?autant de plus de frénésie que les racines du passé dans notre présent s?amoindrissent et que celles de l?avenir ne mènent plus qu?à une forêt obscure.

Ce que nous appelons « présent » a peu de choses à voir avec ce que nous entendions sous ce mot dans les années 1830 : notre présent n?est plus fait d?attente, mais bascule à tout moment dans l?Histoire.

Voici les deux apories auxquelles nous convie cette peur impensée du futur :

D?un côté le principe de sécurité organise le maintien de tout ce qui est déjà : à cela le futur ne saurait apporter que des catastrophes. De l?autre, le moindre son, la moindre parole doit être conservée au titre du patrimoine. La cuiller en bois de nos grand-pères, mes vignettes panini (coupe Fifa 1986), le pot de gomina de Johnny Halliday, le cri d?amour du panda royal en voie d?extinction.

Jusqu?où cela va-t-il aller ? Peut-on ainsi mettre tout le monde d?hier en boîte ? Allons-nous traîner longtemps ces conserves du passé à nos pieds ?

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Publié dans philosophie

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