île 1 (Islande) : difficile évasion
J'étais enthousiaste à priori pour le film Back Soon, car j'ai une affection particulière pour le cinéma islandais. Malheureusement, le film n'était pas à le mesure de mes attentes ; la plupart des personnages sont monolithiques comme le sont ceux de Kaurismaki mais sans la force épique qui caractérise ces derniers. Bien sûr l'actrice principale s'acquitte très bien de son rôle de poétesse dealeuse, mais la joie qui entoure la petite communauté de fumeurs de joints est factice, comme l'est la foi évangélique de la touriste anglaise ou la thèse bidon de l'étudiant parisien.
Je ne veux vraiment pas perdre de temps avec ce film et je préfère de loin faire un commentaire sur un long-métrage plus ancien mais qui a été filmé dans le même fjord (c'est d'ailleurs le seul point commun entre les deux films), je veux parler de Noi Albinoi de Dagur Kari
Le thème majeur du film, annoncé dès la première séquence, est l'isolement qui caractérise la vie dans les campagnes nordiques ou plutôt les tentatives d'un jeune homme pour rompre cet isolement.
L'un des premiers plans nous montre une maison presque emmurée par la glace. La glace est à la fois un obstacle concret, qu'elle soit verticale (congère géante devant la porte) ou horizontale (cf. scène du cimetière), c'est aussi dans ce film le symbole de l'isolement radical qui règne non seulement entre les habitants de cette petite ville et le reste du monde, mais encore entre ces habitants eux-mêmes. Pendant une grande partie du film, le héros va tenter au sens figuré de "briser la glace" pour séduire la jeune barmaid de la station d'essence.
Les relations familiales ne sont pas montrées sous un meilleur jour, puisque le père bohème de Noi qui a perdu tout crédit auprès de son fils sera impuissant à regagner son affection avant de trouver la mort dans une avalanche à la fin du film. Malgré cet accident final et l'échec de Noi à convaincre Iris de le suivre, le film reste marqué par une certaine légèreté. Noi Albinoi est curieusement tragique mais rarement pathétique.
Enfin,le physique et le tempérament du héros sont des causes supplémentaires de sa solitude. Sa condition d'albinos le distingue déjà de tous ses camarades, mais de plus, le jeune homme est un cancre surdoué qui s'ennuie à l'école et s'enferme dans une cave pour lire (ce qui lui sauvera la vie).
Grâce au sens aigu du montage, le film atteint immédiatement son objectif. Dans une séquence à première vue sans importance pour l'intrigue, Noi assis devant son poste de télé regarde une mouche courir sur sa main. La mouche court indéfiniment sur la main gauche de Noi, puis sur la main droite que celui-ci lui présente et à nouveau sur la main gauche,et ainsi de suite. Ce plan prélude à la cavale du personnage dans les étendues glacées après son hold-up. Noi est la mouche perdue dans sa fuite en avant et la peau dépigmentée du jeune homme se confond avec la neige qui recouvre l'islande.
D'autres trouvailles sont magnifiques, comme cette scène au cours de laquelle Noi tire à la carabine sur des stalactites. Aux détonations succède le bruit cristallin de la glace qui s'effondre : le contraste est magnifique. J'aime aussi beaucoup la scène du bar au cours de laquelle Noi apprend à Iris à fumer (le geste qu'il fait en présentant son briquet à la jeune fille qui lui permet de l'attirer insensiblement à lui).
Le film est en outre admirablement servi par la musique d'un groupe pop contemporain au nom étrange (The strange death of liberal England). Le morceau qui accompagne la compilation de scènes ci-dessous résonne aussi mystérieusement que son titre (Summer gave us sweets but Autumn wrought division).
Je ne veux vraiment pas perdre de temps avec ce film et je préfère de loin faire un commentaire sur un long-métrage plus ancien mais qui a été filmé dans le même fjord (c'est d'ailleurs le seul point commun entre les deux films), je veux parler de Noi Albinoi de Dagur Kari
Le thème majeur du film, annoncé dès la première séquence, est l'isolement qui caractérise la vie dans les campagnes nordiques ou plutôt les tentatives d'un jeune homme pour rompre cet isolement.
L'un des premiers plans nous montre une maison presque emmurée par la glace. La glace est à la fois un obstacle concret, qu'elle soit verticale (congère géante devant la porte) ou horizontale (cf. scène du cimetière), c'est aussi dans ce film le symbole de l'isolement radical qui règne non seulement entre les habitants de cette petite ville et le reste du monde, mais encore entre ces habitants eux-mêmes. Pendant une grande partie du film, le héros va tenter au sens figuré de "briser la glace" pour séduire la jeune barmaid de la station d'essence.
Les relations familiales ne sont pas montrées sous un meilleur jour, puisque le père bohème de Noi qui a perdu tout crédit auprès de son fils sera impuissant à regagner son affection avant de trouver la mort dans une avalanche à la fin du film. Malgré cet accident final et l'échec de Noi à convaincre Iris de le suivre, le film reste marqué par une certaine légèreté. Noi Albinoi est curieusement tragique mais rarement pathétique.
Enfin,le physique et le tempérament du héros sont des causes supplémentaires de sa solitude. Sa condition d'albinos le distingue déjà de tous ses camarades, mais de plus, le jeune homme est un cancre surdoué qui s'ennuie à l'école et s'enferme dans une cave pour lire (ce qui lui sauvera la vie).
Grâce au sens aigu du montage, le film atteint immédiatement son objectif. Dans une séquence à première vue sans importance pour l'intrigue, Noi assis devant son poste de télé regarde une mouche courir sur sa main. La mouche court indéfiniment sur la main gauche de Noi, puis sur la main droite que celui-ci lui présente et à nouveau sur la main gauche,et ainsi de suite. Ce plan prélude à la cavale du personnage dans les étendues glacées après son hold-up. Noi est la mouche perdue dans sa fuite en avant et la peau dépigmentée du jeune homme se confond avec la neige qui recouvre l'islande.
D'autres trouvailles sont magnifiques, comme cette scène au cours de laquelle Noi tire à la carabine sur des stalactites. Aux détonations succède le bruit cristallin de la glace qui s'effondre : le contraste est magnifique. J'aime aussi beaucoup la scène du bar au cours de laquelle Noi apprend à Iris à fumer (le geste qu'il fait en présentant son briquet à la jeune fille qui lui permet de l'attirer insensiblement à lui).
Le film est en outre admirablement servi par la musique d'un groupe pop contemporain au nom étrange (The strange death of liberal England). Le morceau qui accompagne la compilation de scènes ci-dessous résonne aussi mystérieusement que son titre (Summer gave us sweets but Autumn wrought division).