OGM : non, non, et re-non
Lorsqu'une firme désire vendre un produit sur un marché, elle procède à la fois à une campagne d'information sur ce produit. Par ailleurs elle essaie de savoir s'il existe une demande sur place que le produit pourrait satisfaire. Quand dans les deux cas, le retour est négatif, cette firme n'a aucun intérêt d'investir sur ce marché, et préfère généralement investir ailleurs. Généralement, oui, mais pas lorsqu'on dispose de moyens tels que l'on peut faire fi de l'absence d'une demande et utiliser la loi pour imposer son offre. C'est exactement ce que font depuis plusieurs années les semenciers producteurs d'OGM et notamment la firme Monsanto, dont un ouvrage récent de Marie-Monique Robin (Le monde selon Monsanto, ed. La découverte. Paris : 2008) analyse le fonctionnement et dénonce les menées.
Les coups de théâtre récents que le projet de loi sur les OGM a connus à l'assemblée nationale posent deux problèmes de démocratie. Le premier est le poids que continuent de jouer les multinationales sur le pouvoir législatif par la voie d'un lobbying insensé. Le second est le rôle que devrait jouer le Parlement face à un exécutif qui le considère tout au plus comme une chambre de parlement et semble déterminé sur cette question comme sur d'autres à passer en force. La réforme des institutions comprenant l'élargissement des capacités du Parlement fait d'ailleurs l'objet d'un autre projet de loi dont l'approbation par les chambres s'annonce aussi mouvementée que celui portant sur les OGM.
Pour ne parler que du premier problème et pour ne considérer que Monsanto, le livre de Marie-Monique Robin montre comment en phagocytant l'OMC, le semencier impose peu à peu ses produits à tous les Etats-membres. Mais le l'ouvrage relate aussi comme la firme brouille les pistes en finançant les experts qui homologueront ses propres produits (Hans-Yorg Buhk et Detlef Bartsch, dans le cas du maïs Mon 863, cas étudié p343), comment aussi elle invoque le "secret commercial" pour empêcher la publication de rapports toxicologiques émanant de ses laboratoires parce que celles-ci sont défavorables à la commercialisation des produits comme on s'en aperçoit quand la cour d'appel de Munich oblige la firme à les publier.
Ce n'est là qu'un échantillon des malversations de la firme dans une série qui remonte fort loin et comporte entre autres faits glorieux l'intoxication d'anciens combattants américains au Viet-Nam par le fameux agent orange. Je vous recommande la lecture du livre, et si vous manquez de temps pour lire cet ouvrage de 370 pages , le film qui a été tiré de l'enquête de Marie-Monique Robin est disponible en commerce et dans bien des bibliothèques à commencer par celle où je travaille.
La lecture du compte rendu du livre de Mme Robin par Matthieu Calame, "l'empoisonnement selon Monsanto" déposé le 11 avril sur le site de La Vie des Idées.
Sur la question de la nocivité des OGM, vous pouvez consulter avec profit les interventions et conférences de Christian Velot, dont celle-ci prononcée à Toulouse en 2005
Une chose est sûre, même si malgré des rapports alarmants de laboratoires français, on n'est toujours pas convaincu de la nocivité des OGM, le mépris que les firmes comme Monsanto témoignent à l'égard des agriculteurs (en particulier, ceux des pays en développement), la trahison des principes du Grenelle de l'environnement et l'acharnement de ce gouvernement à faire passer sa loi nonobstant 72% de Français opposés au OGM, rien que cela devrait nous prévenir contre de tels produits et une telle insistance à vouloir en remplir nos assiettes.
Pour moi, c'est non, non et re-non (et pas merci)